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La rentrée de notre revue de presse se doit d’abord de traiter de l’événement important des entrepreneurs à cette période de l’année : l’Université d’été du MEDEF, organisée sur le campus d’HEC mercredi et jeudi. Le climat économique (une reprise conjoncturelle encore fragile et donc non créatrice d’emplois) et politique (une majorité très divisée sur la ligne économique, affichant des velléités de nouveaux bricolages du CICE) ravive une incertitude dont le milieu des entreprises n’a guère besoin. En conséquence, les positions des parties prenantes ont eu peine à converger à l’approche de l’évènement : alors que le Premier ministre, M. Manuel Valls, assurait dans ses orientations de rentrée utilement publiées dans Les Echos que la politique économique du gouvernement ne serait pas modifiée, le président du MEDEF, M. Pierre Gattaz, assurait dans L’Opinion qu’il était nécessaire d’aller plus vite dans les réformes structurelles et que les entrepreneurs étaient combattifs mais attentistes. Il a fallu que le pragmatisme intelligent du Ministre de l’Economie, M. Emmanuel Macron, opère en clôture de l’événement, jeudi, pour tracer une perspective commune. D’après lui, gouvernement et patronat doivent « partager des risques accrus » : à Bercy, le risque de la réforme au sein d’une majorité parlementaire pas toujours au diapason de ses propositions ; aux chefs d’entreprises le risque « d’investir, d’embaucher, de se moderniser ».

Grandes et petites entreprises seront également heureuses de lire les premières conclusions du rapport d’étape de M. François Villeroy de Galhau, chargé avant l’été d’une mission sur le financement de l’investissement. Appuyant le constat que l’investissement en France n’est pas insuffisant, mais mal orienté vers l’innovation, l’ancien Directeur général délégué de BNP Paribas prône dix orientations françaises ou européennes, recensées dans Les Echos. En France, une meilleure utilisation de l’assurance-vie s’impose pour renforcer les fonds propres des PME et le renforcement de l’accès des TPE aux crédits de trésorerie est nécessaire, via une augmentation de la transparence des offres bancaires. Au niveau européen, il est souhaitable d’élargir le champ d’application de l’Union des marchés de capitaux en diversifiant au maximum les sources de financement des entreprises, selon leurs besoins plutôt que dans une logique de libéralisation théorique. Aussi, favoriser les investissements transfrontaliers en drainant l’épargne du Nord de l’Europe vers le Sud nécessite d’unifier les règles sur les faillites ou d’améliorer l’information disponible sur les PME. Enfin, les règles prudentielles de Solvabilité II devraient être assouplies et le régime prudentiel des banques systématiquement évalué. Voilà un ambitieux programme qui n’est pas de nature à susciter un engouement populaire spontané en faveur de l’Europe, mais qui souligne à tout le moins, une nouvelle fois, la pertinence de l’échelon européen pour sortir de la crise.

Au niveau des financements des PME, on note cette semaine, grâce à l’Agefi, qu’Unicredit entend émettre de la dette garantie par des prêts aux PME à hauteur de 500 M EUR en copiant la structure de double recours des « covered bonds ». Mais aussi, avec Les Echos, que le « crowdfunding » pour la « cause paysanne » s’envole : Terre de Liens, Ecobole, MiiMOSA sont autant de plateformes relayant une solidarité rurale utile pour pallier l’insuffisance de fonds de la chaîne d’investissement traditionnelle du secteur en échange de laquelle les donateurs peuvent recevoir des produits agroalimentaires ! Toujours dans le domaine du « crowd », Les Echos nous informent que la plateforme Finsquare va mettre en place à compter du 1er septembre une assurance indemnisant les prêteurs en cas de défaillances des entreprises, qui sera prise en charge par l’intermédiaire. Dans le cadre d’un partenariat avec Gras Savoye, la plate-forme proposera désormais une double protection, en cas de décès ou de perte totale et irréversible d’autonomie du dirigeant de l’entreprise (Groupama Vie) ainsi qu’en cas de redressement ou de liquidation judiciaire de l’emprunteur (GAN Assurances). Autant d’initiatives privées « modernes » qui tenteront de rivaliser avec celle du Ministère des Affaires étrangères, qui organisait pour la première fois, dans le cadre de la semaine des Ambassadeurs, des sessions de « speed dating » entre diplomates et « PME-ETI » (Les Echos)…

Olivier Marty

Liens vers les articles cités (dans l’ordre de mention)

http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/021279106403-croissance-emploi-impots-nous-devons-poursuivre-les-reformes-1147447.php

http://www.lopinion.fr/25-aout-2015/pierre-gattaz-il-reste-six-mois-reformer-27405

http://business.lesechos.fr/directions-financieres/financement-et-operations/credits/021282634263-financement-des-investissements-les-pistes-pour-changer-la-donne-en-europe-202232.php

http://www.agefi.fr/articles/unicredit-envisage-d-emettre-de-la-dette-garantie-par-des-prets-aux-pme-1366868.html

http://www.lesechos.fr/journal20150828/lec2_pme_et_regions/021256131595-du-crowdfunding-pour-la-cause-paysanne-1148390.php

http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/021283767854-finsquare-met-en-place-une-assurance-pour-les-internautes-qui-pretent-aux-pme-1148016.php

http://www.lesechos.fr/monde/europe/021278603662-export-les-diplomates-francais-font-du-speed-dating-avec-les-pme-eti-1147411.php